Disclaimer : mon but n’est pas du tout d’être pro ou anti quoi que ce soit, simplement d’alerter sur l’intention de se changer, de se réparer, qui vient de la croyance qu’on est brisé/pas assez/nul/inutile.
Es-tu ton pire ennemi ? Cette idée revient souvent dans le développement personnel : on serait notre pire ennemi. Il y a l’idée d’un ennemi à l’intérieur de nous, quelqu’un qui nous veut du mal.
Puisque beaucoup d’humains passent leur temps à se contraindre, à se juger sévèrement, à s’auto-flageller… On peut légitimement le penser !
Que se cache-t-il derrière ces mauvais traitements que nous nous infligeons ? Le développement personnel qu’on nous vend à toutes les sauces aide-t-il vraiment ?
Et si la réalité était toute autre ? Partons en voyage à l’intérieur de nous.
Nos programmations inconscientes
Ce n’est pas un scoop : nous sommes programmés depuis notre plus tendre enfance. La plupart des humains n’ont pas idée de l’influence de la religion, de la culture, du cinéma hollywoodien, de Disney, sur leur psychisme.
Dans ce cas, d’où viennent ces fantasmes de vouloir à tout prix plus d’argent, des abdos visibles pour les hommes, des fesses rebondies pour les femmes, atteindre le bonheur, trouver un prince/une princesse ou même atteindre l’éveil ? D’où vient cette idée saugrenue de s’améliorer, d’être plus ceci ou moins cela ?
Elle ne sort pas du chapeau !
L’impact de ton environnement sur ton cerveau est absolument immense, bien au-delà de ce que tu peux imaginer.
Déjà, enfant, on se fait engueuler du simple fait d’être qui on est.
- Je suis triste et je pleure beaucoup ? Je me fais engueuler.
- Ou je suis en colère et je crie ? Je me fais engueuler.
- Ou je mange, je m’en mets partout et je ne finis pas mon assiette ? Je me fais engueuler.
- Enfin j’ai pas sommeil et je ne dors pas ? Je me fais engueuler.
En tout cas c’est le quotidien de beaucoup (trop) d’enfants.
À force d’entendre que je ne conviens pas tel que je suis, je finis par croire que je dois changer, je réprime mes émotions, je bride mon instinct. Bref, je rajoute une couche de contrôle et je mets mon enfant intérieur à la cave, fermée à double tour.
En grandissant…
Comme nous l’apprend l’analyse transactionnelle, nous introjectons nos parents à l’intérieur de nous : bref, on reprend le flambeau !
Ainsi, notre parent (toxique) intérieur passe son temps à rabrouer notre enfant intérieur parce qu’il n’a pas fait assez bien, parce qu’il n’a pas réussi, parce qu’il n’a pas été assez docile ou assez gentil… (si c’est l’exemple qu’on a eu dans notre enfance, bien sûr)
Saupoudre ce mécanisme d’une culture basée sur une religion qui prône la purification du mal, avec une idéologie ayant pour finalité des humains qui sont seulement du côté du bien… Mixé à une culture basée sur la progression constante et la recherche de performance…
Et tu obtiens des humains névrosés qui s’engouffrent dans le développement personnel pour devenir meilleur et éradiquer tout ce qui ne convient pas chez eux.
Mais il y a un léger problème…
Clique ICI pour télécharger ton test pour te situer sur l’échelle de l’hypersensibilité (gratuit)La tyrannie du développement personnel
Le développement personnel part du postulat qu’il faut s’améliorer, devenir meilleur. Atteindre ses objectifs, avoir une routine matinale, pratiquer la visualisation, penser plus positif et chasser les pensées négatives, maîtriser ses émotions… Autant de thèmes importants dans le développement personnel.
Tous les moyens sont bons pour ça : hypnose, PNL, EFT, coaching… On met beaucoup d’ardeur à se contrôler pour s’optimiser.
Et si on questionnait ce paradigme ? Par exemple, d’où faut-il s’améliorer ? Qui dit ça ? Pour atteindre quoi exactement ?
J’ai rencontré peu de personnes qui questionnent le postulat de départ.
Pourtant, il me paraît pertinent de le faire.
Il faut s’améliorer : ah bon ? Selon quelle idéologie ?
Il faut devenir meilleur : ah bon ? Meilleur que quoi ?
Certes, je renforce cette idée avec un « il faut », cependant l’intention au fond reste la même : tu devrais être autre chose que ce que tu es.
On obtient une magnifique course effrénée au développement personnel.
Rappelons que « personnel » vient de persona, le masque porté par les acteurs au théâtre dans l’antiquité romaine.
En clair, avec le développement personnel, on muscle l’ego, on nourrit le personnage. Ainsi appâté par la carotte de l’idéal de soi, on court, on court, en oubliant l’être humain qu’on est ici et maintenant. Je ne suis franchement pas sûr qu’on ait besoin d’un ego plus présent dans nos vies.
Tout cette démarche prend souvent racine dans le refus de soi. Et je peux d’autant plus te le dire que j’ai beaucoup pratiqué : c’est d’une violence sans nom. Je traquais la moindre imperfection de ma vie selon mon prisme (difficulté à me réveiller, mal à l’aise en public, pas assez de muscles, trop gentil, trop de pensées…) et je me fouettais de ne pas arriver à tout solutionner.
Et moi dans tout ça ?
Pendant que tu cours après un idéal de toi, tu n’es pas en train de vivre ici et maintenant avec qui tu es.
Tu fabriques une image idéale, créée de toutes pièces et influencée par ta culture, à laquelle tu t’efforces de coller.
Tu deviens obsédé par une chimère.
Si ce n’est pas de la maltraitance, je ne sais pas ce que c’est !
Ca peut bousculer de lire tout cela, surtout si ça réveille des choses en toi.
Je ne te jette pas la pierre, je me suis maltraité de la sorte pendant une bonne vingtaine d’années.
Toute cette pression qu’on se met soi-même !
« Je dois »
- « méditer plus. »
- « penser plus positif. »
- « arrêter de me distraire. »
- « Il ne faut pas être en colère. »
- « Arrête de penser au regard des autres. »
À bien écouter, on y entend des injonctions parentales à se corriger. Encore ! Eh oui, nos parents toxiques intérieurs nous mettent la pression pour être autre chose que ce qu’on est.
Être adulte
Sauf que si tu es adulte, tu n’es plus chez tes parents, ils n’ont plus à te dire ce que tu dois être ou ne pas être, faire ou ne pas faire.
Avec le développement personnel, il y a un grand risque de développer un ego encore plus tortionnaire où l’on se flagelle à la moindre erreur, au moindre écart de comportement.
T’as …
- mangé un biscuit de plus ? Paf.
- sauté une séance de méditation ? Ouille.
- appuyé sur snooze sur ton réveil ? Oulala.
3 coups de fouet.
Ton estime de toi tombe sous terre, t’es nul, t’arrives même pas à tenir ta discipline, tu ne vaux rien.
Moi, j’ai plutôt envie de te dire « Bravo ! »
Hein ?
Oui, si tu galères à contrôler tous les aspects de ton être, ça veut dire que tu n’es pas encore totalement une machine et que tu n’as pas réussi à te domestiquer. Donc c’est absolument génial ! T’as le droit de ne pas méditer, de dormir jusqu’à 11h, de paresser sur YouTube et de manger des biscuits. Bordel. La frustration, l’agacement, ou les autres émotions que tu ressens, sont juste le baromètre de la maltraitance que tu t’infliges.
Ce n’est jamais très agréable de se faire traiter comme une machine, qu’en penses-tu ?
S’esclavagiser soi-même ne me paraît pas être une stratégie des plus saines pour le psychisme.
Peut-être que certaines pensées te traversent :
Et si je:
- n’y arrive pas ?
- ne suis pas productif ?
- suis triste ?
Les occasions de ne pas coller à l’idéal du soi sont tellement fréquentes… C’est bien normal.
Et si :
- il était temps de faire le deuil de ce fantasme de l’idéal du soi ?
- tu apprenais à te prendre tel que tu es ?
- tu étais déjà assez, en fait ?
L’auto-flagellation, c’est l’ego qui se fouette lui-même.
Il n’y a rien de mauvais à l’intérieur de toi. Rien à corriger, vraiment.
Il y a juste un manque d’écoute, un manque de douceur. C’est ce manque d’amour qui cause tout ce que tu appelles « problèmes ». Ce désir de changer naît justement de ce manque d’écoute et d’amour pour qui tu es.
Si je m’aime comme je suis, pourquoi je voudrais être autre chose que qui je suis ? D’autant que c’est impossible. Comment espérer, ne serait-ce qu’un seul instant, être autre chose que qui je suis ?
Cette quête est vaine.
Je suis assez ?
Se prendre tel qu’on est, ça s’apprend.
Une phase de connaissance de soi peut grandement aider.
Une connaissance de soi en profondeur, dans nos émotions, dans nos zones d’ombre.
Pour se voir tel qu’on est, je ne connais rien de plus précieux que le modèle de l’ennéagramme. À ce sujet, tu peux en savoir plus sur mon site Epanessence.
Mettre de la lumière sur notre ego, sur nos mécanismes, sur le personnage qu’on a créé de toutes pièces, est parmi les cadeaux les plus précieux qu’on peut se faire.
Ce travail est, évidemment, à faire sur un socle d’auto-empathie.
Il est hors de question d’utiliser l’ennéagramme pour se flageller encore plus, pour se conditionner et vouloir devenir meilleur.
Tu ne peux pas devenir meilleur que ce que tu es.
Tu ne peux pas éradiquer tes zones d’ombre, ce qui reviendrait à te couper d’une partie de toi-même.
Laissons ce fantasme de pureté dans la religion, si tu veux bien.
Dans l’instant, tu es assez.
Peut-être que, selon toi, tu n’es pas assez efficace, pas assez confiant, que tu ne gagnes pas assez d’argent ou que tu as des kilos en trop.
Tous ces endroits où tu te juges, ce sont des endroits où ça manque d’amour et de douceur.
Et ce n’est pas avec plus de flagellation que ça va changer !
Voilà le plus paradoxal : dès lors que tu accueilles vraiment et totalement quelque chose que tu n’aimes pas chez toi, ça change.
Parce que le changement est au fondement même de la vie. T’as pas à le vouloir ou à le chercher : il advient tout seul.
Un arbre a-t-il besoin de faire du développement personnel pour pousser ?
Il n’y a pas d’ennemi à l’intérieur de toi
Ce que tu appelles pensées négatives sont des pensées que tu n’écoutes pas.
Ce que tu appelles émotions négatives sont des émotions que tu n’écoutes pas.
Il y a juste un enfant apeuré, et personne pour lui faire un câlin.
Si tu réalises que tu as été un parent toxique pour toi depuis tout ce temps, ça commence par accueillir cette réalité : tu en es là. C’est OK.
T’es pas obligé de te juger de ça.
L’invitation est plutôt celle-ci :
- Et si tu commençais à être un parent nourrissant ?
- A tendre l’oreille quand tu sens un nœud dans le ventre ?
- A écouter quand une émotion se pointe ?
La bonne maman, ça commence par accueillir ce qui est, là, tout de suite.
Et si cet article t’a fait monter les larmes, ou la colère : tant mieux, c’est une excellente nouvelle !
Ça veut juste dire que tu es en train de revenir chez toi.
Bienvenue à la maison 🙂
Par Fabien Delcourt, pour Pépites de bonheur
Lire aussi : que faire concrètement pour améliorer son estime de soi ?
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