Le sujet de l’hypersensibilité est, il faut le dire, à la mode. Du coup c’est à se demander si parfois il n’y a pas un peu d’auto persuasion. On voit en effet un peu de tout sur internet. Parfois les caractéristiques sont tellement larges qu’il n’est pas exclu que le phénomène soit le même que face à un horoscope dans lequel « tout le monde peut se reconnaître ». En plus il est surtout question de ressenti. Les tests se présentent sous forme d’introspection. On peut légitimement se demander à quel point ils sont fiables.
Cependant si la forte sensibilité ne peut être diagnostiquée (à proprement parler) car ce n’est pas un trouble, elle n’en est pas pour autant une construction de l’esprit. Le cerveau des hypersensibles aurait un fonctionnement propre avec notamment une plus forte activation de certaines zones cérébrales.

De plus la forte sensibilité est en partie héritée génétiquement. Enfin l’environnement a également une influence. De plus en plus d’études viennent aujourd’hui soutenir cela.

Lien avec la génétique

Les recherches actuelles montrent une influence génétique sur la sensibilité. En 2015 deux chercheurs de l’université de Zagreb ont publié une synthèse de 62 études qui ont regroupé plus de 100 000 participants. Selon eux la personnalité d’un individu est en partie héritée génétiquement (22 à 47% selon les études). Or rappelons-le, l’hypersensibilité est un trait de caractère. Néanmoins, ces études ne portent pas sur la sensibilité.

Par contre en 2021, cinq chercheurs de l’université de Londres ont analysé la part héréditaire de la sensibilité. Ils sont étudié 2868 jumeaux. Parmi eux, tous les jumeaux monozygotes (« vrais jumeaux ») se ressemblent plus d’un point de vue du caractère que les jumeaux dizygotes (« faux jumeaux » qui partagent environ la moitié de leurs gènes). Cette différence permettrait de montrer que 47% des variations de sensibilité entre les personnes sont dues à l’hérédité. Par contre ces études n’analysent pas à proprement parler les gènes. Donc elles ne donnent aucune indication sur de potentiels gènes spécifiquement impliqués dans la sensibilité.

Un gène spécifique associé à la sensibilité ?

Dans plusieurs études, un gène associé au transporteur de la sérotonine a été associé à certains traits et notamment à l’anxiété. Or l’anxiété augmente avec la sensibilité.

Il est donc possible qu’un gène particulier puisse expliquer les variations de sensibilité. Ce n’est cependant qu’une hypothèse pour le moment par manque de résultats scientifiques pour le montrer. Et quand bien même nous arriverions à le montrer dans le futur, un seul gène ne pourrait expliquer qu’une petite partie des variations de sensibilité entre les individus.

Finalement il est presque certain que nos gènes influencent notre degré de sensibilité mais nous ne savons pas lesquels. Il y a aussi de grandes chances pour que ces gènes soient nombreux. Comme pour la plupart des traits psychologiques héritables.

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Un fonctionnement particulier du cerveau ?

En 2014, six chercheurs de l’université de New York ont mis en évidence un lien entre la sensibilité et l’activation de certaines zones du cerveau. Les personnes les plus sensibles montrent sur des IRM une activation plus forte des aires cérébrales liées à l’intégration sensorielle, la conscience et l’empathie.

En 2016 une équipe internationale de chercheurs a montré qu’un réseau neuronal émotionnel s’active plus chez les femmes les plus sensibles lorsqu’elles entendent des cris d’enfants. Ces cris ont un plus grand impact émotionnel chez elles que chez d’autres femmes.

Il existe également des études menées en électroencéphalographie montrant que le cerveau des personnes hypersensibles engendre des courants cérébraux plus importants que chez des personnes moins sensibles.
NB : l’électroencéphalographie (EEG) est « une méthode d’exploration cérébrale qui mesure l’activité électrique du cerveau par des électrodes placées sur le cuir chevelu souvent représentée sous la forme d’un tracé appelé électroencéphalogramme« . 

Réactions aux stimulations

En 2018, sept chercheurs finlandais ont publié un portrait anatomique du cerveau hypersensible face à une stimulation sonore. 80 participants ont rempli un questionnaire mesurant leur sensibilité aux bruits. L’analyse anatomique de leur cerveau a révélé des différences chez les personnes les plus sensibles au niveau des zones impliquées dans l’apparition des émotions et l’analyse des sons. Il y aurait donc, au moins pour la sensibilité auditive, un marqueur cérébral.

Toutefois nos pensées et comportements caractérisent notre personnalité et sont bien mieux définis par des expériences de psychologie que par une imagerie du cerveau.

Il semblerait également que le fait qu’une personne hypersensible remarque des changements plus subtils dans son environnement ne soit pas lié à ses organes sensoriels particulièrement performants mais à une attention plus fine à ces légères modifications de l’environnement.

L’avantage ? Généralement ces personnes peuvent être plus méticuleuses car elles remarquent beaucoup de détails.
Un inconvénient ? La sensation d’être noyé en cas de de stimulations trop nombreuses et/ou intenses. Un autre inconvénient réside dans le fait qu’il peut plus facilement arriver aux personnes très sensibles de « percevoir des formes là où il n’y en a pas« . C’est pourquoi les personnes hypersensibles vivent en général plus d’expériences paranormales ou mystiques.

Source

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Faisons le point sur l’hypersensibilité

Toutes ces études sont très peu nombreuses et récentes. Elle sont donc à prendre avec beaucoup de précautions.

De plus comprendre son fonctionnement est un point de départ. C’est une condition nécessaire mais non suffisante pour aller mieux. Ça rassure et ça permet de pouvoir ensuite apprendre à s’accepter comme on est puis à s’aimer. Néanmoins ici il est important de noter que :

  1. la sensibilité est liée à personnalité, c’est UN trait parmi d’autres ; donc elle n’explique jamais à elle seule tout le vécu de difficultés que peut rencontrer un enfant ou un adulte ; ce n’est jamais quelque chose qui va pouvoir résumer l’entièreté d’une vie
  2. comprendre ne suffit pas à changer, pour changer il faut pratiquer ; ça passe par un travail sur son état d’esprit (le contenu de ses pensées)
  3. certains troubles peuvent être confondus avec une sensibilité élevée
  4. ne pas confondre hypersensibilité et mauvaise estime de soi, il semblerait que les deux soient souvent liés ; si tu as un doute voici une liste (non exhaustive) des manifestations d’une mauvaise estime de soi : qu’est-ce que l’estime de soi ?
  5. attention aux amalgames : certaines personnes ont du mal à gérer leurs émotions et ne sont pas hypersensibles et des personnes très sensibles régulent très bien leurs émotions et savent en tirer parti
  6. si tu es en souffrance, il est important de te faire accompagner (tu trouveras ici une liste de mes accompagnements)
  7. quand on regarde dans les études (il n’y en a pas beaucoup pour le moment), on trouve très peu de lien entre QI et sensibilité élevée ; donc a priori il n’y aurait pas plus de personnes très sensibles chez les hauts potentiels intellectuels que chez le reste de la population (d’un point de vue statistique)

Et toi dans tout ça, es tu hypersensible ?

Tu te demandes si tu es hypersensible ? Qu’en est-il de la fiabilité de l’auto-test ? Est-ce qu’on se fait soi-même une bonne idée de sa sensibilité ?

Selon Nathalie Clobert (psychologue clinicienne), en général gens ne se trompent pas trop quand ils se décrivent eux-mêmes.

Voici donc un test qui te permettra de te situer sur l’échelle de l’hypersensibilité : lien du test sur l’hypersensibilité

L’hypersensibilité est à double tranchant : elle peut être un cadeau ou un fardeau (ou un peu des deux !). Si tu es dans le second cas et que tu veux apprendre à la vivre sereinement je t’invite à visionner le replay de ma conférence : Comment faire de son hypersensibilité une force ? Lien du replay de la conférence en ligne

Sensiblement

Lauren

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