À l’occasion de la sortie de leur nouveau livre « À nous la liberté ! », Matthieu Ricard (moine bouddhiste), Alexandre Jollien (philosophe) et Christophe André (psychiatre) ont donné une conférence au Palais des Congrès de Paris le 1er février 2019.

Cette conférence a été enregistrée et diffusée dans les cinémas CGR. Elle est également disponible sur youtube. C’est sur youtube que j’ai eu l’occasion de la regarder et j’aimerais t’en toucher deux mots. Parce que je la trouve très inspirante 😉. Encore une fois, cet article n’a pas vocation à être exhaustif.

Nous allons tous mourir un jour, nous pouvons passer notre temps à ruminer ou à être altruiste. Les 3 auteurs nous posent alors une question essentielle pour la qualité de chaque instant qui passe :

À quel point sommes-nous esclaves de l’animosité, la jalousie, l’arrogance, l’avidité* ?

*qui nous rendent la vie impossible et souvent nous font rendre la vie impossible aux autres

Ils définissent la liberté comme la capacité à conduire notre esprit là où il nous semble qu’il est important de le conduire.

oiseau, légèreté, liberté

Cette liberté suppose un travail de désincarcération de notre esprit de toutes les pensées, les ruminations, les préoccupations excessives et les émotions douloureuses (peur, tristesse, ressentiment, angoisse). Pour cela nous devons conduire notre esprit vers là où il est important qu’il se dirige et non vers les habitudes de pensées (qui tirent vers le bas), vers le matérialisme, etc.…
Ce travail de libération n’est pas un idéal mais un travail quotidien.

La conférence s’articule autour de 4 parties :

Les obstacles à la liberté intérieure

L’acrasie

A. Jollien nous parle de l’acrasie, qu’il définit comme l’impuissance à changer. Elle consiste à agir à l’encontre de son meilleur jugement, souvent par faiblesse de volonté.

acrasie : impuissance à changer = obstacle à la liberté

A. Jollien donne l’exemple de lui-même, qui voulait perdre du poids.

Il a donc acheté plein de livres. Puis le soir en rentrant s’est mis à manger des chips. Il voit le bien du « régime », adhère mais il fait le mal.

Autrement dit il sait ce qu’il veut et doit faire mais ne le fait pas. Il va à l’encontre de ses idéaux et intentions.

Et vous, sauriez-vous repérer les endroits acrasiques, où dans votre vie, vous perdez les pédales ?

Nous avons souvent à faire à la tyrannie du je (moi capricieux, boursouflé, narcissique) et à la dictature du on (qu’est-ce qu’il va penser de moi ?) dans notre cheminement vers la liberté. Ainsi une autre question est intéressante :

À qui / quoi ai-je donné la télécommande de mon existence ?

Si vous pensez être le plus souvent en mode « pilotage automatique », je vous conseille d’aller jeter un oeil à l’article sur la Pleine conscience.
Pour celles et ceux qui ont du mal avec l’action, je vous recommande l’article Les bénéfices de l’action juste et sereine.

Le manque de bienveillance envers nous-même

D’après C. André, la bienveillance ne doit pas être confondue avec la complaisance. Nous devons prendre garde à la violence avec laquelle nous nous en prenons à nous-même quand nous nous sentons en échec. Nous éprouvons souvent du ressentiment, de la déception et de la colère contre nous-mêmes. Cette violence nous fait beaucoup de mal.

💡 Une solution ?
Faire preuve de bienveillance, de patience et de persévérance par rapport à l’atteinte des objectifs.

Être capable aussi parfois de renoncer, de lâcher prise : accepter, pour le moment, de renoncer à tel objectif qui est trop loin et trop haut.

À la place se demander quelles étapes intermédiaires serait-on capable de franchir ?

persévérence, étapes intermédiaires avant le but

En effet les personnes à basse estime d’elles-même ont parfois du mal à se lancer dans l’action. Une fois qu’elles y sont, elles peuvent également avoir du mal à renoncer à leur objectif. Même lorsque c’est le choix le plus pertinent sur le moment : l’atteinte de l’objectif risquant d’être trop coûteuse en temps, en énergie et en rapport qualité-prix.

La dépendance

Explications du phénomène

La dépendance est, par définition, la privation de liberté. Selon M. Ricard, le problème est qu’on ne peut pas s’empêcher de perpétrer les causes de la souffrance; celles qui nous maintiennent dans cette absence de liberté.

Cerveau, Anatomie, Résumé, Art, Branches, Calcul

Notre réseau cérébral qui fait que nous aimons quelque chose n’est pas « stable ».
Par contre si nous répétons un certain nombre de fois ce qui nous donne du plaisir alors un autre réseau neuronal va se mettre en place : celui de vouloir ce qui nous a procuré (pendant un certain temps) du plaisir.
Ce nouveau réseau est beaucoup plus stable dans le cerveau (plus « musclé »).

Nous finissons par désirer presque contre notre gré quelque chose qui ne nous procure plus de plaisir.

Pour peu à peu inverser le processus il faut un certain effort de volonté. Or lorsque cette dépendance est établie, les aires du cerveau qui sont liées à la volonté sont moins actives.

→ Nous avons moins de volonté pour accomplir une tâche difficile / pour faire les efforts nécessaires.

Une fois que nous avons exercé notre volonté, il faut qu’un changement se produise. Or il y a aussi des aires du cerveau (dans l’hippocampe) qui sont à la source de tous ces changements, c’est-à-dire de la neuroplasticité. Le problème : qu’il s’agisse de la dépression ou de la dépendance, l’activité de l’hippocampe (qui permet le changement) est elle aussi réduite.

→ Même si nous faisons des efforts, les changements sont plus difficiles et plus lents.

C’est pourquoi nous éprouvons généralement une grande difficulté à nous émanciper d’une dépendance.

Solutions

💡 Mais toute tâche difficile peut être décomposée en petites tâches faciles. La stratégie consiste donc à faire des petits efforts répétés.

Se souvenir aussi que toutes les dépendances commencent par un sentiment de liberté, ou plutôt de pseudo-liberté. Il faut se méfier du sentiment d’être libre dans des situations où nous savons pertinemment qu’elles peuvent mener à la dépendance.

Les approches multi-dimensionnelles sont souvent utilisées pour soigner les dépendances:

  • contrôle du stimulus : ne pas me mettre face à ce qui va déclencher la dépendance
  • contrôle de la réponse : bonne connaissance de soi + ne pas rester seul face à la dépendance.

1ère méditation

Il y a 3 méditations en tout. Elles sont placées entre les parties. La première est animée par C. André. Sa médiation dite de « pleine conscience » vise à accueillir avec bienveillance ce qui se passe en nous et autour de nous dans l’instant présent. Elle a vocation à développer chez ceux qui la pratiquent apaisement et discernement. Il s’agit d’avoir une posture droite et ouverte pour le corps et l’esprit : on ne fait pas le tri, on prend tout ce qui est là.

Tu trouveras plus d’information sur la pleine conscience dans l’article : Qu’est-ce que la méditation de pleine conscience ?

Écologie de la liberté intérieure

Notre but à tous est de maintenir notre liberté intérieure quelque soient les circonstances.

Écologie des lieux

C’est plus facile pour un méditant aguéri. Lorsque nous sommes moins habitués, M. Ricard nous conseille de choisir (quand nous le pouvons) un endroit en fonction de l’état d’esprit que nous souhaitons obtenir. Par exemple privilégier un grand espace pour l’ouverture esprit et la vue d’ensemble.

Arbre, Soleil, Été, Pré, Prairie, Paysage, Matin, Herbe

Dans tous les cas nous avons besoin de passer du temps dans la nature pour maintenir notre liberté intérieure.

Écologie des personnes

Il y a aussi les « amis dans le bien » qui nous tirent vers le haut : inspiration, élévation, encouragements, évolution positive, bien-être émotionnel, etc.

Personnes, Filles, Ami, Heureux, Ciel

Ou d’autres « amis » qui vont plutôt nous tirer vers le bas (quête vers toujours plus d’objets, malhonnêteté, etc.). Dans tous les cas ils vont déteindre sur nous. Nous allons nous imprégner d’eux.

Un vrai maître spirituel n’a rien à perdre, rien à gagner, tout à partager !

À nous de choisir de côtoyer les personnes les plus bénéfiques pour nous. Il y a d’ailleurs un double avantage à fréquenter des personnes inspirantes :

  1. nous allons les admirer donc tenter de prendre leur sillage
  2. même si nous ne faisons aucun effort, quelque chose va nous être donné, de l’ordre de l’apaisement, du discernement, de l’enrichissement
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Écologie de civilisation

Les problèmes de pollution posent de vrais soucis de santé. Néanmoins cette problématique ne concerne pas que la pollution matérielle de l’eau et de l’air, auxquelles nous faisons déjà attention.
Il existe aussi une autre forme de pollution, très pernicieuse et à laquelle nous faisons moins attention : c’est la pollution des esprits.

pollution des esprits : les écrans qui entravent la liberté

Elle a un impact direct sur la liberté intérieure de notre fonctionnement psychologique par incitations à consommer du temps d’écran, à acheter et à dépenser.
D’ailleurs, en parlant d’incitation à dépenser, je vous invite à aller lire mes notes sur une autre conférence de C. André (Les nouvelles clés du bonheur) où il parle de matérialisme « psychotoxique ».
Nous avons parfois à faire à des chaînes de manipulations totalement invisibles.

Par exemple lorsque nous faisons les soldes dans une galerie marchande. Nous nous croyons libres mais nous le sommes rarement aussi peu.

soldes VS liberté

Ce mécanisme fait écho aux dépendances et aux addictions. Il nous touche (exemple des publicités pour voitures ou autres produits) au niveau de nos vrais besoins : nous avons envie d’être heureux et aimés. Comme des virus qui s’infiltrent dans les cellules, les publicités s’infiltrent en nous et manipulent nos besoins authentiques, en les orientant vers une manière d’être satisfait qui est parfaitement labile, stérile et pas du tout enrichissante.

liberté VS publicités et sur stimulations

Tout ceci pose un problème d’aveuglement et de discernement dans ce qui pourrait nous rendre plus libre.

2e méditation

Cette 2e méditation est animée par Alexandre Jollien. Il la commence par une citation :

Ne pensez pas, ne réfléchissez pas , ne connaissez pas ne méditez pas, n’analysez pas, laissez l’esprit tel qu’il est.

  • Ne pensez pas : ne ressassez pas le passé, laissez les ruminations pour être dans le présent
  • ne réfléchissez pas : ne ruminez pas, il ne faut pas être dans le futur
  • ne connaissez pas = être dans l’émerveillement, ne pas réduire l’autre à des préjugés
  • ne méditez pas : invitation à se lancer mais pas à en faire une corvée, quelque chose de préétabli, pas une technique
  • n’analysez pas, laissez l’esprit tel qu’il est : le bonheur, la liberté, la joie et la paix sont déjà là, pas besoin de les fabriquer.

On ne peut être heureux si on n’accepte pas son corps ici et maintenant. L’idée de cette méditation est d’accueillir chaque parcelle du corps à tour de rôle.
Regarder avec bienveillance son propre baratin interne (radio commérage.fm 😅 : A. Jollien a beaucoup d’humour 😍) qui ne change absolument rien au monde.
Être bienveillant avec soi-même et avec les autres: « si on pouvait souhaiter du fond du cœur que tous les êtres humains réussissent à trouver les causes du bonheur ».

Pour la suite de cette conférence avec « les efforts vers la libération » et « les moissons de la liberté », je t’invite à aller voir la 2e partie de cet article.

Les efforts vers la libération

Lien ici.

Les moissons de la liberté

Lien ici.


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