La Communication NonViolente (CNV) est une méthode de communication créé par Marshall B. Rosenberg dans les années 1970. L’expression « non violente » fait référence au mouvement de Gandhi. Ici elle indique le fait de communiquer avec l’autre sans lui nuire. La CNV est un excellent outil pour développer ses compétences sociales.
L’objectif de base de la Communication NonViolente est de créer du lien avec les autres (et avec soi). Pour cela il est recommandé d’assumer la responsabilité de ses émotions, puis d’écouter avec empathie ses besoins et ceux des autres. Enfin de chercher un terrain d’entente qui prenne soin au mieux des besoins de chacun.
NB: Cet article existe aussi au format audio
S’exprimer
Le schéma de communication pour s’exprimer est le suivant:
- observer les faits
- exprimer son sentiment et son besoin
- faire une demande claire et précise
Observer les faits
Le jugement mène à des interprétations erronées et des attitudes défensives.
À l’inverse avec une « observation » concrète, nous pouvons être d’accord sur les faits. Puis entamer un dialogue constructif.
Pour rester dans l’observation il est important de:
- ne pas projeter l’intention de l’autre, autrement dit ne pas faire de supposition (voir l’article sur les 4 accords toltèques), autrement dit rester dans les faits
- ne pas juger, ni évaluer la situation, autrement dit éviter de dire ce que je pense de ce que j’observe (ex: « toujours en retard », « chambre en bordel », « crier »…)
💡 Astuce : éviter les mots « toujours », « jamais », « trop », « fréquemment », « rarement » qui entraînent souvent une confusion entre observation et jugement
Après aucune loi ne nous interdit de juger 😄. Il faut juste être conscient que ce n’est pas de l’observation.
Exprimer son sentiment et besoin
Malheureusement, de nombreuses personnes ont appris à penser en terme de ce qui ne va pas chez les autres, au lieu de ce qu’il se passe en elles. Cela crée beaucoup de violence.
Ainsi lorsque nous exprimons notre ressenti, il est important de bien prendre la responsabilité de nos sentiments (et de nos actions d’ailleurs aussi).
Autrement dit, ce n’est pas le comportement de l’autre qui est à l’origine de nos propres sentiments. L’autre n’est généralement qu’un déclencheur et non la véritable cause que sont nos besoins. C’est notamment le cas lorsque nous sommes en colère.
Comme cela l’autre n’y voit pas une critique (qui aurait pu l’amener à culpabiliser, résister, devenir agressif, …). Le dialogue constructif est donc toujours possible.
À noter qu’un mot ne reflète jamais à la perfection ce que nous ressentons. D’autant plus que chacun a son sens des mots. L’idée est donc de donner à l’autre une idée de ce que nous vivons.
💡 Astuce :
- éviter la formulation « je sens QUE » . Vous l’aurez compris c’est le que qui pose problème 😄. Il a de grandes chances d’amener à l’expression d’une opinion, sans révéler ses sentiments.
Ex: « je sens que je suis incompris » -> nous évaluons le niveau de compréhension de l’autre, sans révéler aucun sentiment ou « je sens que je suis nul » -> auto-évaluation de mes performances…. - lui préférer la formulation : « je me sens…. » (sentiment) + « parce que je…. » (besoin, potentiellement pas nourri; le « je » traduisant la responsabilité)
Effectuer une demande
Contrairement à un ordre, une demande a vocation à laisser le choix à l’interlocuteur de répondre « oui » ou « non ». Néanmoins l’autre connaît le « contexte » de la question puisque nous lui avons déjà expliqué pourquoi nous faisions cette demande. Il sait que cette demande est liée à un besoin. Le choix lui appartient de nous aider à nourrir notre besoin, ou pas 😅.
Nous avons ainsi un désir non seulement sur les actions de l’autre (qu’il nous aide à nourrir notre besoin) mais aussi sur ses motivations pour le faire (qu’il le fasse parce qu’il en a envie et non parce qu’il se sent contraint).
La demande favorise ainsi une relation basée sur la bienveillance et l’écoute des besoins mutuels.
Accueillir un « non »
L’autre personne peut répondre « non ».
Dans ce cas il est intéressant de se rappeler qu’en disant « non » à notre demande, cette dernière dit « oui » à ses propres besoins.
De plus elle ne dit pas non « à nous » mais aux circonstances de la demande, il n’y a donc pas à le prendre personnellement 😉.
- Nous pouvons même lui demander de quels besoins elle veut ainsi prendre soin en refusant notre demande ?
- Nous pouvons aussi nous demander à nous-même « qu’est-ce qui fait que je suis autant attachée à ce que l’autre personne dise oui ? » et éventuellement l’exprimer à l’autre.
- In fine, l’idée est de chercher ensemble une solution qui prenne en compte les besoins de chacun. Parce qu’ils sont tous aussi importants.
Même si tous les besoins ne peuvent au final être satisfaits, ils auront au moins été rencontrés. Nous aurons pu les exprimer. Cela suffit généralement à un apaisement intérieur.
Augmenter les chances de recevoir un « oui »
💡 Astuce
Pour avoir plus de chance que notre demande aboutisse, il est recommandé de l’ajuster à la méthode CRAPO 😇.
Concrète Réalisable Actualisable Positive Ouverte.
J’enseigne en ce moment dans une maternelle française aux USA. Les exemples qui me viennent à l’esprit concernent donc principalement les enfants (à qui nous ne sommes finalement peut-être pas forcément obligés de donner toujours des ordres …).
C’est bien sûr « ajustable » aux adultes.
- Concrète et Réalisable : ça fait moins peur et l’autre est souvent plus enclin à coopérer!
Exemples:
– si nous demandons à un enfant de « venir ranger », il est généralement moins prompt que si nous lui demandons de « venir ranger les petits trains dans leur boîte » (quitte à lui demander ensuite de ranger le reste, par étapes encore une fois 😉)
– si nous proposons à un enfant de goûter un nouvel aliment, cela marchera mieux en le mettant face à un petit bout qu’à un bol complet - Actualisable : laisser à l’autre la possibilité de revenir sur sa réponse, rien n’est gravé dans le marbre !
- Positive : il vaut mieux demander ce que nous voulons, plutôt que ce que nous ne voulons pas. C’est plus simple et rapide, l’autre sait directement ce que nous voulons.
Ex: « j’aimerais que tu marches à l’intérieur de la classe » au lieu de « on ne court pas à l’intérieur » - Ouverte : être ouvert aux modifications possibles de la demande, cette dernière doit pouvoir s’adapter aux besoins de chacun.
Pour finir cette partie une citation de Rosenberg à méditer:
« On peut exiger tout ce qu’on veut d’une personne sans pouvoir la contraindre à faire quoi que ce soit »
Clique ICI pour télécharger ton test pour te situer sur l’échelle de l’hypersensibilité (gratuit)Écouter l’autre
Puis, comme les échanges sont dans les deux sens, la personne en face de nous va également être amenée à observer, exprimer ses sentiments et besoins puis faire une demande. En théorie 😄.
Derrière un jugement, un critique, une « attaque », une évaluation ou une expression maladroite des sentiments, se cache généralement l’expression d’un ou plusieur(s) besoins insatisfaits.
Je trouve cela intéressant à garder à l’esprit pour éviter de penser automatiquement qu’il y a quelque chose chez nous qui ne va pas. Pour essayer de ne pas le prendre personnellement. Ce qui n’empêche pas d’analyser la critique et, si elle est constructive, de s’en servir pour s’améliorer 💪.
Les besoins insatisfaits étant plus ou moins bien camouflés 😉, le challenge consiste à les démasquer ! Car très souvent le massage initial n’est que « la partie émergée de l’iceberg ». En effet tout ce que les gens font, tout le temps, c’est pour nourrir leurs besoins.
Ils agissent moins CONTRE nous que POUR eux.
Donc quand bien même l’autre n’a pas exprimé clairement ses besoins, savoir les déceler malgré tout est un atout majeur pour la qualité et l’efficacité de la communication.
Une première stratégie : la reformulation.
Ne pas hésiter à reformuler ce que nous comprenons des propos de l’autre. Dans le but de les clarifier.
Ex: « si je comprends bien […] . Est-ce ce que tu veux dire ? ».
L’autre peut alors confirmer ou infirmer notre « traduction » de ses propos.
Une seconde stratégie : l’écoute empathique.
Principe de l’écoute empathique
Cette dernière consiste à accueillir, vis à vis de la personne qui s’exprime :
- sa réalité
- l’impact émotionnel de sa réalité sur elle (quel besoin se cache derrière ?? )
À savoir que nous n’avons pas besoin d’être d’accord pour accueillir ce que nous dit l’autre. Nous n’avons pas non plus à chercher de « solution » pour l’aider. Du moins pas obligatoirement.
Simplement écouter. Écouter vraiment. Sans juger. Laisser un espace silencieux pour que la personne sente qu’elle peut aller à son rythme, s’exprimer totalement et se sentir comprise. L’aider ainsi à s’apaiser.
Rappelons également que l’important n’est pas d’avoir raison mais de se connecter avec la personne.
Les erreurs à éviter
À l’inverse nous avons souvent tendance à chercher à :
❌ rassurer, consoler, conseiller, parler de soi, corriger la version de la personne, questionner*, dramatiser la situation ou à l’inverse dédramatiser, s’apitoyer, donner son avis, interpréter, terminer ses phrases, culpabiliser, clore le sujet, faire de l’humour….
Peut-être parce que nous avons un peu du mal à nous oublier parfois ?
Par exemple : attention aux *questions que l’on pose pour notre curiosité !
Nous pouvons aussi nous questionner : « qu’est-ce qui fait ce que ça me démange autant de lui trouver une solution ? ».
Si nous voulons vraiment être là pour l’autre, pour contribuer à son bien-être, peut être pouvons-nous simplement lui demander de quoi il/elle a besoin ? « Juste » d’écoute ou d’une des « actions » ci-dessus ?
Oser dire « non »
Les mêmes raisons qui nous aident à accepter un « non » (voir plus haut) de l’autre suite à notre demande doivent nous autoriser à répondre « non » à la demande de l’autre. Il est important de prendre soin de ses propres besoins.
Car répondre « oui » à l’autre alors que nous pensons « non », ce n’est pas lui rendre service. Notre oui n’a alors plus aucune valeur. C’est la porte ouverte à la frustration et au ressentiment envers l’autre (qui « ne sait pas » puisque nous ne lui avons rien dit). Toutes sortes de malentendus peuvent survenir car nous n’avons pas été « honnête » avec l’autre.
💡 Astuce :
❌ Ne pas se justifier, ni dériver, ni expliquer. Autrement dit ne pas laisser à l’autre l’occasion d’argumenter.
Pour plus d’informations et d’astuces sur l’affirmation de soi (entre autres réussir à dire non), je te conseille l’article : Le triangle de Karpman et l’affirmation de soi.
Pour connaître l’approche de T. d’Ansembourg sur cette capacité à « dire et entendre non », je te conseille l’article : Cessez d’être gentil, soyez vrai.
Le mot de la fin…
Tout cela est très coûteux en empathie, je le reconnais. Se souvenir alors que si nous avons du mal à donner de l’empathie aux autres, c’est que nous en avons probablement nous-même besoin.
Tâchons alors d’être déjà présent à nous-même, afin de pouvoir par la suite l’être aux autres.
Ceci en tête (j’espère que tu y vois suffisamment clair !), si certains veulent en savoir plus je vous recommande le livre de Marshall B. Rosenberg. Il regorge d’idées fantastiques pour améliorer sa communication avec autrui…et soi-même. Il est petit, facile et rapide à lire.
Pour comprendre les bases de cette méthode de communication, ce livre de M. Rosenberg (le fondateur de la CNV) est vraiment top !
La Communication NonViolente au quotidien.
Les vidéo de Christophe Vincent sur youtube : Voyage au Coeur de la Communication NonViolente en 80 jours sont également très instructives et je te les recommande 😉.
T. d’Ansembourg s’est formé à la CNV auprès de Rosenberg. Il a publié le livre : Cessez d’être gentil, soyez vrai.
Si cela t’intéresse j’ai consacré un article aux axes principaux de ce livre (à lire ici).
Enfin j’utilise la CNV comme outil dans mon programme d’accompagnement pour les personnes très sensibles qui veulent canaliser leurs pensées envahissantes, apaiser leurs émotions intenses et se faire une place au milieu des autres. Pour en savoir plus sur mon programme Eclosion c’est par >>> ICI <<<.
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