Introduction
En psychologie, l’hypersensibilité est une sensibilité plus grande que la moyenne. Elle est souvent source de difficulté pour la personne concernée et peut-être perçue comme « exagérée » ou « extrême » par son entourage. C’est Elaine Aron, psychologue américaine elle-même hypersensible, qui définit en 1996 l’hypersensibilité comme faisant référence à un ensemble de personnes de tempérament similaire. Elle se base sur des études empiriques, c’est-à-dire des techniques de recherche basées sur l’observation et l’expérience. Les personnes « hypersensibles » représenteraient 15 à 20% de la population.
Les caractéristiques des personnes hypersensibles (HS) découlent d’une plus forte réactivité à une même situation. Elles vivent tout en « plus » : sensations et émotions plus fortes, plus de détails et de questions, choix plus difficiles, etc…
Pour éviter la connotation péjorative d’excès, Saverio Tomasella, psychanalyste français, propose le terme « ultrasensible » (ou « ultra-sensibilité »). La version originale étant « highly sensitive person » ou « individu hautement sensible ».
Hypersensible à vie ?
L’hypersensibilité n’est pas une maladie, on ne peut donc pas la « soigner ». Ce n’est pas pour autant une fatalité ! Ni un fardeau. Du moins ça ne doit pas obligatoirement en être un.
Il est tout à fait possible de travailler sur soi, non pour être moins sensible, mais pour apprendre à vivre différemment sa sensibilité et en faire une force. Ainsi par exemple moins subir au quotidien les relations avec son entourage.
On peut tout à fait travailler sur la gestion des émotions pour être moins, et moins souvent, débordé(e) par celles-ci lors d’interactions sociales notamment. Travailler également l’accueil du regard et du jugement des autres pour moins souffrir du décalage avec l’entourage.
De façon plus globale il s’agira d’effectuer un travail de fond sur l’estime de soi pour se connaître, s’accepter, s’aimer et reprendre entre autres les deux points précédents (regard des autres et gestion des émotions), modifier sa perception des autres et finalement s’épanouir.
Parce que qu’on se le dise :
ce qui fait le plus souffrir les hypersensibles, ce n’est pas leur forte sensibilité mais leur mauvaise estime d’eux-mêmes.
J’en parle plus en détail dans ma conférence en ligne :
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Les hypersensibles qui le vivent comme un cadeau sont à l’inverse ceux qui ont une haute et stable estime d’eux-mêmes. Or l’hypersensibilité n’aidant pas au bon développement de l’estime de soi, beaucoup d’entre nous souffrent terriblement de cet excès de pensées, d’émotions et de ressentis.
Lire aussi : qu’est-ce que l’estime de soi ?
Avant d’aller plus loin, tu te demandes peut-être comment on repère une personne hypersensible ? Alors bien sûr chaque sensibilité est unique. Autrement dit il n’y a pas un seul profil « type » chez tous les « membres du club » 😅. Attention donc aux amalgames !
Pour en savoir plus sur ces amalgames, lire aussi : 4 idées reçues sur l’hypersensibilité
Les points cités ci-dessous sont simplement les grandes lignes des caractéristiques que l’on retrouve souvent chez la plupart des personnes hautement sensibles. Tu peux donc être HS sans avoir TOUTES les caractéristiques ci-dessous. D’ailleurs les personnes non HS ont aussi leur sensibilité et peuvent aussi se retrouver dans certains des points ci-dessous. Peut-être juste en « moins intense » et donc « plus facile à vivre ».
Néanmoins si tu te retrouves dans la plupart des points ci-dessous, il y a de fortes chances que tu sois hypersensible. Mais encore une fois ce n’est pas une « science exacte » 😉.
Clique ICI pour télécharger ton test pour te situer sur l’échelle de l’hypersensibilité (gratuit)Traits communs des hypersensibles
Une sensation de décalage avec l’entourage
À force d’entendre des phrases du style « Tu es trop sensible », « Tu devrais écrire un livre », « Tu vis au monde des Bisounours », « Tout le monde n’est pas gentil », « C’est les bébés qui pleurent / Il n’y a pas de raison de pleurer », « Tu réfléchis trop », « Tu te prends trop la tête », « Tu prends trop à cœur », « Laisser tomber » (qui a d’ailleurs a peu près le même effet que « calme-toi » 😜) etc… la personne très sensible finit par se sentir comme un « extraterrestre » incompris au milieu de ses semblables. De grosses remises en questions s’ensuivent généralement ainsi que des doutes sur sa propre valeur. L’estime de soi en prend un sacré coup.
Elle voit bien que ses comportements diffèrent très souvent de ceux des autres (non hypersensibles) et qu’elle ne rentre pas dans « la norme » de la société actuelle occidentale. Société dans laquelle sensibilité rime souvent avec faiblesse. Une personne très sensible peut donc se sentir très vulnérable. Illégitime aussi parce qu’elle est « hors des cases » et peut avoir du mal à trouver sa place. En se comparant beaucoup aux autres, elle développe souvent un complexe d’infériorité vis-à-vis de la plupart des gens qu’elle côtoie ou rencontre.
Sauf si il y a d’autres personnes hautement sensibles dans son entourage, elle pense alors généralement qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez elle, qu’elle a un problème, qu’elle n’est pas « normale ». En même temps elle peut aussi ressentir de la frustration due à la sensation de devoir toujours être celle qui s’adapte aux personnes moins sensibles (ces dernières étant bien plus nombreuses). Néanmoins la tentation de porter des masques reste toujours présente. Pour se fondre dans la société et être accepté(e). Sauf que cela vient à renforcer la croyance qu’être soi n’est pas suffisant ni même forcément acceptable.
Des perceptions sensorielles très fines
La personne hautement sensible sera plus sensible que la moyenne aux sons (personnellement je ne peux pas dormir sans boules quies, sauf si il n’y a AUCUN bruit !), aux odeurs (aie les fortes odeurs comme la pollution !), à la texture des vêtements (gare aux étiquettes !), à la lumière (dur dur certains magasins !), aux textures des aliments et à leur goût (pas cool les produits non naturels), à la beauté de son environnement, aux changements de saisons….et au café (caféine) !
Ainsi une forte lumière artificielle telle que les néons dérangera généralement plus une personne hypersensible (HS) (ou un son strident / très fort, ou une odeur particulière etc….). Elle sera aussi plus facilement surprise et sursautera plus fréquemment. Par exemple avec une tape dans le dos ou une porte qui se claque.
Une personne ultrasensible sera aussi plus facilement stressée face à une situation chaotique, un rassemblement de foule, une réunion de famille ou de travail animée, une deadline…
En plus de ressentir beaucoup de stimuli sensoriels, la personne HS va avoir plus de mal que la moyenne à s’y habituer. Elle a souvent ce qu’on appelle un déficit d‘inhibition latente. L’inhibition latente étant la faculté d’accorder une moindre importance à des stimuli sensoriels présents dans son environnement et déjà connus. Par contre ce côté « réfractaire à l’habitude » peut avoir du positif : la personne HS s’habituera également moins aux sources de plaisir toujours présentes (qui perdent donc moins de puissance). Parmi ces sources on peut citer : le fait d’être en bonne santé, d’avoir un toit sur la tête, de pouvoir manger à sa faim, d’avoir accès à des douches chaudes, d’avoir un plaid super doux, etc….si toutefois elle a accès à tout cela bien sûr !
Attentif(ve) au moindre détail
La personne ultrasensible possède souvent un sens de l’observation et du détail très développé. Elle capte plus de nuances, de subtilités et de détails que la plupart des autres personnes. Détails que les autres ne remarquent pas forcément. Ce qui augmente la sensation de décalage de la personne HS à qui on peut reprocher de « se prendre la tête pour rien ».
Par exemple : quand une personne moins sensible va prendre la mesure globale d’une conversation, une personne très sensible va remarquer qu’à tel moment telle personne a dit ou fait cela (comme lever un sourcil). Il faut alors faire attention à ce que l’observation ne se transforme pas en imagination. Autrement dit ne pas faire de supposition quand aux intentions derrière les gestes et paroles de l’autre. Sinon on peut vite partir sur une sorte de lecture de pensées quand la « fonction de détection » se transforme en « fonction d’imagination ».
Une personne hypersensible ressent également le besoin d‘aller au fond des choses pour les comprendre dans les moindre détails. Elle est donc très méticuleuse. Voire perfectionniste si elle manque d’estime personnelle. Mais elle doit aussi apprendre à parfois aller à l’essentiel pour pouvoir avancer plus vite lorsque c’est nécessaire. Elle se pose beaucoup de questions et « cogite » beaucoup. Son mental ne s’arrête jamais (même la nuit parfois, d’où les insomnies !) et peut devenir vraiment envahissant. L’impression de penser beaucoup et tout le temps.
Des exercices de respiration et de méditation peuvent aider pour la gestion des pensées mais ne suffisent pas, comme je l’explique dans la conférence (lien juste en dessous). Cette surcharge mentale amène beaucoup de fatigue physique et émotionnelle (les pensées amenant à des émotions).
Enfin la personne très sensible a souvent beaucoup de mal à accepter l’injustice, les contradictions et les conflits de valeurs. Elle le vit très mal lorsque ses valeurs sont malmenées par son entourage ou une situation. C’est pourquoi il est très important pour elle de se sentir alignée avec ses valeurs, et pour cela de bien les connaître. Un travail de fond sur la connaissance de soi permet cela.
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Difficile de choisir
Puisqu’elle apporte beaucoup d’attention au moindre détail, la personne hautement sensible a tendance à analyser toutes les conséquences et différentes options de chaque choix ainsi que tous les risques associés. Ce qui n’aide pas franchement à la prise de décision. D’autant plus qu’elle a tendance a être plus contrariée si elle a fait « le mauvais choix ». Donc par anticipation elle a peur « de regretter ». Elle met ainsi plus de temps à prendre une décision.
Par exemple : personnellement avant de travailler en profondeur mon estime de moi-même, lorsque j’avais un choix à faire, même minime comme un vêtement à acheter ou un plat à choisir au restaurant, mais que je devais le faire dans un temps très limité et que je n’arrivais pas à me décider (pour les raison ci-dessus), il m’arrivait d’être très stressée. Le stress montait très haut et très fort et pouvait virer à l’angoisse. Le pire c’est quand j’étais au restaurant et que tous les yeux étaient braqués sur moi. On attendait que je choisisse 😱. Beaucoup de pensées se bousculaient dans ma tête et j’avais terriblement peur d’être déçue si je faisais le « mauvais choix ». Dans certains cas (pas au resto bien sûr 😅) il m’arrivait même de renoncer à choisir, tellement ça me pesait. Je reportais éventuellement le choix.
« Éponge » émotionnelle
Les personnes ultra-sensibles disent souvent qu’elles sont très touchées par les émotions des autres, voire qu’elles ont l’impression « d’absorber leurs émotions » (très forte empathie émotionnelle). Elles peuvent en effet confondre les émotions des autres avec les leurs, voire s’en sentir responsable. C’est par exemple le cas de la tristesse et de la colère. Elles sont aussi plus sensibles aux désapprobations (et aux approbations!), critiques et reproches (ou compliment!) ont ainsi plus de difficultés à se détacher des avis des autres (positif comme négatif). Elles ont donc plus de mal à surmonter les conflits. Néanmoins cela peut s’améliorer grandement en faisant un travail approfondi sur l’estime de soi.
Ainsi les personnes hautement sensibles peuvent ressasser un événement (ou juste une critique) pendant des heures, voire des jours ou des semaines. Elles ont alors plus de mal à tourner la page (sortir des ruminations) car elles ont vécu la situation avec une très grande intensité émotionnelle. C’est un peu comme si la situation s’était gravée en elles. Les ruminations consistent à ressasser « en boucle » des pensées qui amènent à des émotions désagréables telles que regrets, culpabilité, honte, rancune, frustration, colère, tristesse…
Néanmoins il y a du positif dans tout cela : la personne hypersensible sera également plus attachée aux émotions positives des autres. Quelle joie lorsque l’autre va bien !
De plus ses émotions peuvent aider la personne HS à développer une riche créativité.
Exemple: avant lorsque j’assistais à un conflit qui se déroulait devant mes yeux, je me sentais très mal à l’aise et tendue. Alors je ne te dis pas lorsque j’étais DANS le conflit ! Décharge émotionnelle énorme et forte tension intérieure. J’avais souvent la boule au ventre. Aujourd’hui les émotions montent moins vite et moins fort. Par contre si la tension dépasse un certain seuil, il peut encore m’arriver de pleurer.
Action / réaction
Le fait qu’elle ressente les situations en « plus fort » (éponge émotionnelle), rend la personne hypersensible plus réactive aux événements. Elle réagit plus facilement, plus rapidement et plus fortement à ce qu’il se passe autour d’elle. Elle peut très vite passer d’une émotion à l’autre : colère, curiosité, tristesse, anxiété, joie….les « montagnes russes émotionnelles ».
Ses réactions sont ainsi en adéquation avec le débordement émotionnel intérieur qui la tiraille. Comme si parfois elle ne percevait pas la réalité à travers la raison mais à travers ses émotions.
Parmi ces réactions, il y a les larmes. La personne hautement sensible pleure généralement plus facilement, que ce soit devant un film, une musique, un beau coucher de soleil, un paysage, la photo d’un beau bébé, un message de l’un de ses proches, une interaction sociale ou juste une parole (positive comme négative et qui d’ailleurs peut paraître bénigne à d’autres, ce qui renforce le sentiment de décalage), une démonstration d’amour ou d’affection. Elle pleure pour le beau comme le triste. En même temps, qui a décrété qu’il y avait un seuil « acceptable » pour pleurer ? et où « doit-il » se trouver ? 😜
Lire aussi : tu as le droit de pleurer !
Un repos bien mérité
Le système nerveux d’une personne ultra sensible est en permanence en alerte à cause des réactions physiques et émotionnelles fortes et rapides aux stimuli de l’environnement. Mais aussi à cause de la charge cognitive importante due à l’attention continuelle et soutenue aux moindres détails (environnement, relations, …). Cette hyperstimulation permanente du système nerveux (sensorielle, émotionnelle et intellectuelle) fait que la personne hypersensible est plus souvent et plus vite fatiguée que la moyenne. Par conséquent elle a très souvent besoin de temps de pause et de calme pour récupérer, s’apaiser, se ressourcer, se recentrer. Elle peut donc apparaître comme quelqu’un de solitaire.
Est-ce que ces traits de personnalité te parlent ? Est-ce que tu te retrouves dans une ou plusieurs de ces caractéristiques ?
N’hésite pas à partager tes réponses en commentaire 🙂.
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive. Il y aurait aussi bien plus à dire sur le sujet, mais ça ferait beaucoup pour un seul article. Le but de cet article était déjà de te donner une idée de l’hypersensibilité. J’espère qu’il a bien rempli sa fonction !
Pour aller plus loin: je te propose un TEST gratuit pour te situer sur l’échelle de l’hypersensibilité.
Pour en savoir plus sur comment s’épanouir à travers son hypersensibilité, je t’invite à lire l’article : 5 clés pour sublimer son hypersensibilité
Idées de lecture pour hypersensibles
Le livre Ces gens qui ont peur d’avoir peur est la traduction française du livre de Elaine Aron « The highly sensitive person ». Il a pour but de permettre au lecteur de cerner sa sensibilité particulière et de mieux se comprendre. Et ainsi de l’aider à s’adapter à ses traits de caractères.
Dans le livre Hypersensibles de Saverio Tomasella, tu découvriras un très grand nombre de témoignages de personnes hypersensibles. Tu verras, ça t’aidera à te sentir moins seul(e) 😉. Témoignages expliqués par l’auteur qui donne également des conseils pour mieux vivre son hypersensibilité.
Clique ici pour découvrir encore plus d’idées lectures sur le sujet
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