Mal prendre les remarques de quelqu’un, se sentir offensé, attaqué injustement, blessé au plus profond de soi, trahi même parfois par une personne en qui l’on avait confiance. Et qui a osé nous manquer de respect. Voilà le quotidien de la personne susceptible.
La susceptibilité fait autant de mal à la personne susceptible qu’à son entourage qui peut en venir à avoir l’impression de « marcher sur des œufs » pour ne pas la froisser. C’est douloureux de se sentir blessé par les propos de ses proches. C’est aussi douloureux pour les proches de subir mutisme ou colère alors qu’ils n’ont le sentiment de l’avoir mérité. Pas facile de s’adresser à une personne susceptible. Pas facile non plus de vivre la susceptibilité.
Mais alors, que faire ? Comme toujours, des efforts de chaque côté. Et de la compréhension, pour soi et pour l’autre.
D’où vient la susceptibilité ?
Ah la faible estime de soi…
La susceptibilité prend sa source dans la faible estime de soi. Le perfectionnisme en est une des manifestations. Difficile alors d’accepter qu’on nous fasse des reproches. Car cela vient appuyer là où ça fait mal : sur les preuves de notre imperfection. Celles que l’on n’aime pas du tout voir. Donc on se justifie, on argumente pour expliquer à l’autre qu’on est malgré tout quelqu’un de bien. Mais finalement qui veut-on le plus convaincre ?
Parce que généralement lorsqu’on a une mauvais estime de soi, on n’est pas forcément convaincu de sa propre valeur. Le regard de l’autre prend alors une place prépondérante dans le conditionnement de son propre bien-être. On se sent facilement menacé par les paroles d’autrui. On pense inconsciemment que ces dernières viennent menacer le fragile respect, que l’on a pour soi et que l’on s’imagine donc instinctivement que les autres ont aussi pour nous. Alors que ce respect (et cette reconnaissance) que nous attendons tant de l’autre, c’est principalement celui que nous ne nous accordons pas suffisamment. Mais puisque je doute de moi, alors forcément les autres aussi. Je ne m’accepte pas totalement tel que je suis, alors forcément les autres aussi. Comme je crois en cela, mon interprétation de la réalité se fera de façon à venir conforter cette croyance.
Exemple : si des collègues rigolent sur mon compte, c’est forcément qu’ils me dénigrent et me rabaissent. La simple plaisanterie bienveillante n’est pas forcément la première hypothèse qui surgit spontanément dans l’esprit de la personne susceptible. Le jugement supposé de l’autre, prêt à bondir au moindre faux pas, n’est jamais très loin dans l’imagination du susceptible.
Souvenirs, souvenirs…
De plus d’après passeportsante.net « L’individu susceptible ne réagirait donc pas seulement à la critique mais à l’ensemble des souvenirs ou des situations analogues qu’elles appellent. »
En effet mettons que je suis habitué en quelque sorte à recevoir des critiques et/ou plaisanteries sur un trait de ma personnalité ou de ma physionomie dont j’ai honte (émotion liée à la peur du jugement des autres au fait de se sentir au centre de l’attention ainsi qu’à une estime de soi potentiellement boiteuse). Trait qui, au passage, peut très bien devenir un complexe. Cette honte s’est renforcée à mesure que je recevais de plus en plus de commentaires dessus. Ce trait étant devenu un sujet hautement sensible et en quelque sorte ma « bête noire ».
À chaque nouvelle remarque la « blessure » se rouvre. Ainsi une critique insignifiante a priori, peut provoquer un choc émotionnel.
L’imagination décuple la susceptibilité
Dans l’exemple précédent (collègues), je parle d' »imagination » car il est finalement beaucoup question de supposition envers les intentions de l’autre. Et c’est le moment où je ressors mes accords toltèques préférés : ne faites pas de supposition.
Si tu es susceptible je te conseille d’en faire ton nouveau crédo ! D’ailleurs souviens-toi de la plus grande supposition que les humains font : le monde voit la vie comme nous la voyons. Or lorsqu’on manque d’estime de soi, on a une mauvaise image de soi et l’on ne se fait pas forcément confiance. Donc on suppose tout naturellement et en partie inconsciemment que les autres n’ont pas une bonne image de nous et ne nous font pas totalement confiance. Il peut arriver que ce soit à raison mais c’est souvent à tort.
De plus ce phénomène d’interprétation des intentions d’autrui peut découler d’un complexe d’infériorité vis-à-vis de l’autre. Ce dernier étant en position « plus haute » prêt à se moquer et à dénigrer. Vous vous en doutez, le complexe d’infériorité est une des marques du manque d’estime de soi. La personne attache alors beaucoup d’importance aux opinions d’autrui. Du coup, elle cherche toujours un autre sens caché aux affirmations les plus anodines.
Tu peux également faire de l’accord suivant ton 2e crédo : quoi qu’il arrive autour de vous, n’en faites pas une affaire personnelle. Eh oui les autres voient la réalité avec leurs yeux, à travers leur propre filtre de croyances donc de pensées, puis d’émotions. Ils ne disent pas les choses contre toi mais pour eux (enfin la plupart du temps et bien sûr ça dépend qui 😅).
En cessant de prêter des intentions à l’autre, on ne vit plus ses remarques comme des agressions car on a intégré qu’elles n’avaient pas vocation à en être.
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Si vous reprochez à une personne susceptible son comportement à un instant T, celle-ci pensera que vous vous en prenez à sa personnalité. C’est la raison pour laquelle elle se sentira offensée et blessée, pensant que vous critiquez « sa raison d’être », son « moi profond ».
Exemple : Si on me demande de faire moins de bruit pour une raison X ou Y alors on me rejette, on n’aime pas ma personnalité « trop bruyante ».
Si tu es susceptible, essaie de te forcer à y penser, ce n’est pas parce qu’un comportement que tu as dérange une ou plusieurs personnes sur le moment que l’on te rejette tout entier. Les personnes seront généralement plus sensibles à ta personnalité dans ton ensemble qu’au « détail qui tue » et ne t’en tiendront pas rigueur. Sauf si tu amplifies l’ampleur de l’événement en te vexant, puis en devant mutique ou agressif (ou autre).
Personne n’est le centre du monde, contrairement à ce que dit la susceptibilité
Pour guérir de la susceptibilité, il faut cesser de se mettre au centre de tout ce qui arrive. Chez les personnes à faible estime d’elle-même le « questionnement de soi » peut pourtant prendre une place prédominante voire obsessionnelle. Or l’objectif de l’estime de soi, c’est de se faire oublier (voir le livre Imparfaits, libres et heureux de C. André). Lorsqu’on a confiance en sa valeur, et en ses capacités alors on ne guette ni ne craint plus le moindre petit signe extérieur qui pourrait venir faire vaciller le fragile équilibre interne.
Se vexer c’est penser d’abord « moi ». Mon ego. D’autant plus grand que mon estime pour moi-même est faible. Voir le livre Et tu trouveras le trésor qui dort en toi de Laurent Gounelle.
« En ne se mettant plus au centre de tout ce qui arrive, il est alors possible de ne plus vivre le reproche comme une injustice à son encontre, mais comme un événement, un incident, un « accident » imprévu, une sorte de « carambolage »: la percussion inopinée de deux (ou plusieurs) inconscients… » extrait tiré du livre Hypersensibles de Saverio Tomasella. Parce qu’il arrive souvent que les hypersensibles soient susceptibles…. Ainsi en ne se mettant pas au centre, on parvient plus facilement à « laisser couler » les remarques des autres. À ne pas les laisser nous blesser émotionnellement jusqu’à graver en nous des plaies de rancœur qui se rouvrent à la pensée du souvenir blessant.
Conférence en ligne : comment faire de son hypersensibilité une force ?
Ce passage fait aussi écho à l’accord toltèque suggérant de ne rien prendre personnellement. Lorsqu’on fait une affaire personnelle de tout ce qui nous arrive, on se place au centre, non seulement de nos propres préoccupations mais aussi de celles de l’autre. Grosse erreur. L’autre est en réalité lui-même dans son propre petit monde intérieur qui ne tourne pas du tout autour de nous.
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Ce texte est limpide
Tres imteressant,merci
Avec plaisir et merci pour ce retour !