HPI, HPE et hypersensible, trois termes que l’on retrouve de plus en plus souvent dans le domaine du développement personnel. Quand on a l’habitude de ne pas « rentrer dans les cases » parce qu’on est très différent de la plupart des autres personnes, on peut sérieusement se poser la question : « suis-je HPI, HPE ou hypersensible ?« . Si tu en viens à te demander « ce qui cloche chez toi » alors tu auras la réponse dans cet article. Tu vas voir, ça fait un bien fou de se sentir moins seul(e) 😉.

Définitions

Le HPI ou haut potentiel intellectuel

Une personne HPI ou surdouée a des capacités intellectuelles supérieures à la moyenne. Tous les professionnels ne sont pas d’accord sur la définition. Il n’y a donc pas de définition officielle du HPI.

En général l’indicateur retenu pour diagnostiquer une personne HPI est néanmoins un score supérieur ou égal à 130 à un test de QI (quotient intellectuel). Même si le fait de considérer ce fameux test de QI comme une mesure de l’intelligence fait fortement débat encore aujourd’hui.

Par exemple, d’après la théorie des intelligences multiples proposée pour la première fois par Howard Gardner en 1983, il existerait plusieurs types d’intelligence chez l’enfant et chez l’adulte. Même si sa théorie fait, elle aussi, débat, elle invite à une réflexion intéressante autour des formes possibles d’intelligence. On y retrouve l’intelligence linguistique, logico-mathématique, spatiale, intra-personnelle, interpersonnelle, corporelle-kinesthésique, musicale, naturaliste, existentielle (ou spirituelle).

En effet les personnes HPI font souvent preuve d’une grande capacité d’analyse, de réflexion, de raisonnement abstrait, de créativité et d’innovation. Elles sont donc potentiellement en avance dans des domaines tels que les mathématiques, les sciences ou les arts (intelligences logico-mathématique, musicale, spatiale).
Par contre elles peuvent avoir des difficultés dans leurs relations et la compréhension (et gestion) de leurs propres émotions (intelligences intra et interpersonnelles).

Après tout, comme le dit si bien Daniel Goleman dans son livre « l’intelligence émotionnelle » :

« Nous sommes tous à la merci de nos passions et de nos pulsions, et ce n’est pas un QI élevé qui nous met à l’abri.« 

Daniel Goleman (docteur en psychologie)

Lire aussi : comment reconnaître un haut potentiel intellectuel ?

Pour savoir si on est HPI il est important d’effectuer un bilan auprès d’un psychologue ou d’un neuropsychologue.
Le test de QI est alors proposé en complément d’une série d’entretiens psychologiques.

« Le test confirme ou non l’hypothèse d’un HPI et vient mettre en valeur les forces de chacun. Le but est de comparer les capacités de la personne à celles des individus du même âge« 

Marie-Noëlle Dejean (psychologue du développement spécialisée dans l’accompagnement des personnes atypiques, à haut potentiel et/ou hypersensibles)

L’hypersensibilité

C’est un trait de caractère qui se manifeste par une sensibilité aux stimuli physiques, sociaux et émotionnels supérieure à la moyenne.

Chaque hypersensible est différent. Ils ont tous des orientations et degrés différents de sensibilité. Malgré tout on retrouve chez la plupart d’entre eux des traits communs que je te partage dans cet article : suis-je hypersensible ?

Il n’existe pas de test précis (contrairement au HPI) pour indiquer si une personne est hypersensible. Il existe cependant des questionnaires pour se situer sur l’échelle de l’hypersensibilité. Tu peux en télécharger un juste en dessous.

Clique ICI pour télécharger ton test pour te situer sur l’échelle de l’hypersensibilité (gratuit)

Le HPE ou haut potentiel émotionnel

Le haut potentiel émotionnel (HPE) est un concept assez nouveau est encore trop peu documenté selon moi. Contrairement au haut potentiel intellectuel et à l’hypersensibilité, je n’ai pu trouver aucune publication scientifique sur le sujet.

Le terme apparaît seulement sur les sites de quelques psychologues. Et encore, tous ne semblent pas d’accord sur sa définition et ses caractéristiques. Néanmoins selon certains le concept semble très fortement se rapprocher de l’hypersensibilité.

En ce qui concerne les compétences émotionnelles, à défaut de HPE, je vais donc parler d’intelligence émotionnelle (IE). Concept qui me paraît donc plus intéressant à aborder et détailler ici. C’est un concept fondamental en fait pour chacun puisque, selon Daniel Goleman dans son livre « l’intelligence émotionnelle » :

« Tout porte à croire que les personnes qui s’y connaissent en matière de sentiments, qui sont capables de comprendre et de maîtriser les leurs, de déchiffrer ceux des autres et de composer efficacement avec eux, sont avantagées dans tous les domaines de la vie, en amour comme au travail. »

Daniel Goldeman – dans son livre « l’intelligence émotionnelle« 

L’intelligence émotionnelle fait référence à notre capacité à reconnaître et gérer nos propres émotions, vis-à-vis de nous mêmes et dans nos relations, à nous motiver nous-mêmes et à reconnaître les émotions des autres.
On retrouve à la fois le pôle intrapersonnel et le pôle interpersonnel.

Goleman s’inspire des modèles de 1990 de Salovey et Mayer sortis (deux psychologues américains) pour décliner l’intelligence émotionnelle en 5 compétences émotionnelles et sociales élémentaires :

• La conscience de soi : être conscient de ses sentiments et émotions, comprendre d’où ils viennent et savoir écouter le message qu’ils transmettent. Être en mesure de s’analyser soi-même avec réalisme et posséder une bonne confiance en soi.
• La maîtrise de soi : gérer ses émotions pour être capable d’agir au lieu de réagir. Mais aussi pour qu’elles « facilitent notre travail au lieu d’interférer avec lui » ou encore « savoir différer une récompense dans la poursuite d’un objectif« . Enfin se remettre de plus en plus rapidement après une perturbation émotionnelle.
• La motivation : aller puiser dans son « pourquoi » (ses envies qui tiennent le plus à coeur) pour poser des objectifs, avancer vers ces derniers et ne pas renoncer malgré la difficulté.
• L’empathie : la faculté de se mettre à la place de l’autre, de percevoir ce qu’ils ressentent. L’empathie nécessite de se décentrer de soi (son propre référentiel) et aide à apaiser et harmoniser les relations.
• Les aptitudes humaines : elles nécessitent de savoir maîtriser ses propres émotions et analyser suffisamment la mécanique humaine pour mieux comprendre l’autre et réagir avec tact. Ces aptitudes peuvent ensuite être utilisées pour « persuader, guider, négocier et régler les différents, coopérer, animer des équipes » etc…

Lire aussi : compétences sociales et empathie

Quelles différences et similitudes entre HPI et hypersensibilité ?

Les HPI représenteraient environ 2% de la population contre 20% pour les hypersensibles.

Contrairement à certaines idées reçues : les hypersensibles ne sont donc pas forcément HPI. Et pour cause ! Les hypersensibles sont bien plus nombreux que les HPI.
En revanche les HPI sont généralement hypersensibles.

Ils ont d’ailleurs en commun l’intuition, une forte empathie, une pensée en arborescence, la sensation de décalage avec l’entourage, la forte intensité émotionnelle…. et une très grande variété de profils !!
Chaque personne, hypersensible et/ou HPI a un profil psychologique différent. Ainsi tout comme pour les hypersensibles :

il y a autant de haut potentiel qu’il y a d’individus.

Cathy Assenheim (neuropsychologue)

Néanmoins, malgré l’intensité émotionnelle, HPI comme hypersensibles peuvent très bien gérer leurs émotions. Tout dépend de leur niveau d’intelligence émotionnelle – directement influencée par leur niveau d’estime d’eux-mêmes.

Lire aussi : 4 idées reçues sur l’hypersensibilité

Comment bien vivre avec le HPI et l’hypersensibilité ?

Le HPI, tout comme l’hypersensibilité, n’aide pas au développement optimal de l’estime de soi.

C’est cette estime de soi peu stable et haute qui les fait ensuite souffrir le plus.

En effet c’est elle qui amène à douter de soi, avoir du mal à gérer ses émotions, culpabiliser, être susceptible, ruminer longuement, être perfectionniste, être dépendant « affectivement », etc….

Je donne les étapes pour nourrir l’estime de soi dans ma conférence « Comment faire de son hypersensibilité une force ? » : visionner la conférence.

Une bonne estime de soi facilite ensuite le travail sur la gestion de ses propres émotions, donc la compréhension aussi des émotions de l’autre et la communication. Ainsi une bonne estime de soi facilite le développement de l’intelligence émotionnelle.

Voici maintenant 4 conseils supplémentaires pour mieux vivre avec ces particularités :

• Apprends à te connaître et accepte-toi comme tu es. Ce n’est pas une honte d’être HPI, HPE ou hypersensible. Au contraire, en apprenant à apprivoiser ces spécificités propres, elles peuvent devenir des atouts dans ta vie.
  
• Trouve des activités qui te correspondent et te font du bien. Il existe de nombreuses activités qui conviennent aux personnes HPI, HPE ou hypersensibles. Par exemple, les activités qui nécessitent de la créativité, de l’analyse, de la réflexion ou de l’innovation.
  
• Entoure-toi de personnes qui te comprennent. Il est important de côtoyer des personnes bienveillantes qui t’acceptent comme tu es. Ces personnes peuvent t’apporter du soutien et de la motivation. Par exemple en tant qu’hypersensible tu peux rejoindre la communauté Eclosion.
  
• Prends soin de toi, de ta santé physique et mentale. Fais de l’exercice régulièrement, mange sainement et dors suffisamment. Prends aussi le temps de te détendre et de te ressourcer. Plus tu seras fatigué et à bout de nerfs et plus il te sera difficile de gérer tes émotions…

Lire aussi : comment retrouver un sommeil réparateur ?

Conclusion

Finalement le HPI, le HPE et l’hypersensibilité sont des concepts distincts qui décrivent différentes particularités des individus. Le HPI met le focus sur les capacités intellectuelles. Le concept de HPE n’est pas encore suffisamment développé mais celui d’intelligence émotionnelle, lui, l’est. Il fait référence à notre capacité à gérer nos émotions (de façon intra comme interpersonnelle) pour communiquer sereinement. Enfin l’hypersensibilité renvoie à une sensibilité exacerbée aux stimuli physiques, sociaux et émotionnels.

Pour bien vivre son hypersensibilité et/ou son HPI il est important d’avoir une bonne estime de soi. Cette dernière permet en effet d’apaiser son rapport à soi et aux autres. Puis d’apprendre à gérer ses émotions et à se sentir plus serein dans ses relations.

Bien se connaître et s’accepter tel qu’on est permet en effet de prendre en compte ses caractéristiques personnelles dans ses choix du quotidien. Mais aussi d’être en mesure de les expliquer aux personnes de son entourage. Sans négliger de s’entourer autant que possible de personnes compréhensives et bienveillantes qui sauront accueillir la différence que représente l’hypersensibilité et/ou le HPI (par rapport à la plupart des autres personnes).

Dis-moi en commentaire : es-tu hypersensible ? HPI ? quel est selon toi ton niveau d’intelligence émotionnelle ?